Depuis l’annonce du confinement quasi généralisé en raison de la progression du COVID-19 mi-mars, les entreprises ont déployé au pied levé le télétravail.
Félicitons les entreprises agiles qui, une fois l’électrochoc passé, ont mis en place des solutions de travail à distance pour les postes qui le permettaient, c’est-à-dire plutôt des fonctions support. Certains collaborateurs ont déménagé leur poste du travail à la maison, faute de disposer d’un ordinateur portable. D’autres ont pu se connecter aux applications depuis leur ordinateur personnel. D’autres encore accèdent à des plateformes collaboratives en lieu et place de leurs outils habituels.
Une crise sanitaire qui bouscule le monde du travail
La priorité des entreprises est à la fois d’assurer la protection de ses salariés, en respectant le confinement, tout en s’attachant à une poursuite d’activité, même dégradée. Très rapidement, il a fallu s’éloigner de ses forces vives et adopter un management en confiance. Certaines organisations ont incité fortement leur équipe managériale à ne pas faire de contrôle de connexion pour privilégier l’obtention de meilleurs résultats. Des entreprises ont décidé de maintenir le collectif à tout prix en gardant les points de rendez-vous habituels : café du matin, point d’activité, sport collectif… grâce à des applications qui font bondir les directeurs informatiques. Mais à situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles.
De plus, l’activité ayant chuté pour beaucoup, les entreprises décident d’utiliser ce temps pour former les équipes. Soit en recourant aux modules e-learning en place, mais pas toujours suivis, soit en bloquant les agendas pour des formations collectives à distance. Bon nombre de formateurs linguistiques voient leurs agendas exploser, comme Snow Business English. Les entreprises profitent de la disponibilité des collaborateurs pour caler les formations d’anglais qu’ils peinent à honorer quand ils sont pris dans le feu de l’action. Le développement des compétences profitera à tous, une fois l’heure du redémarrage venue.
Bref, sous la contrainte, les entreprises sont en train de se réinventer.
Le télétravail est-il bon pour les collaborateurs ?
Alors que beaucoup rêvent d’éviter les bouchons, les réunions inutiles, le bruit incessant de l’open-space, les voici, sans transition ni accompagnement, propulsés dans un télétravail complet. Impossible d’oublier le contexte anxiogène avec le macabre décompte qui est assené sur toutes les chaînes ou toutes les ondes quotidiennement. On a donc peur pour soi, pour ses proches. Après l’anxiété, il y a l’isolement social, voire familial. Les familles ont parfois fait le choix de partir avec les enfants là où il y a plus d’espace, plus de confort, séparant les couples ou empêchant les parents séparés de voir aussi souvent leurs enfants parce que même autorisées, les sorties sont devenues compliquées. Se retrouver seul avec le moral en berne accentue la rumination ou la forte imagination. On se fait des films. Et puis le chômage partiel a un impact financier qui accentue le sentiment d’insécurité. Sans compter que pour les non salariés, indépendants, commerçants, professions libérales, la durée équivaut précarité. Récemment, un client disait avoir très mal vécu la prise obligatoire de ses congés payés. Il y voyait à la fois de l’injustice parce qu’il ne pourrait pas “profiter” de ses congés imposés et en même temps, il se sentait dévalorisé parce qu’on lui demandait de se mettre en retrait.
S’en suivent un rebond des risques psychosociaux, des troubles du sommeil et une augmentation de la prise de médicaments et de consommation d’alcool.
Sans oublier le surmenage évident pour ceux qui doivent travailler, faire l’école, supporter cris et bruits chez eux et autour d’eux, préparer les repas et tenir le logement aussi propre que possible sans recourir aux aides habituelles (baby-sitter, crèche, assistante maternelle, femme de ménage, livraison de repas ou de courses).
Sortir de télétravail ?
Alors forcément, en ce début de cette 4e semaine, on pense à l’après-confinement, à la reprise progressive du travail en présentiel. Qui s’imagine reprendre des transports en commun bondés, participer au prochain séminaire commercial, partager l’ascenseur aux heures de pointe, manger à la cantine côte à côte, laisser ses collègues utiliser son téléphone de bureau, jouer des coudes dans un concert, sincèrement ? Après des semaines de messages incessants sur l’hygiène, le risque viral, la survie des bactéries sur les surfaces sèches, humides, il faudra sortir d’une situation d’urgence progressivement en rassurant et en accompagnant ses équipes vers un nouveau modèle pérenne.